Décroissance : mais c’est quoi ce mot « repoussoir » ?

escargot-bleu-marron1.jpgLa « Décroissance » est un nom propre qui désigne un mode de pensée, un projet de société et un mouvement politique. C’est un nom propre et c’est pour cela que nous prenons toujours soin d’y mettre une majuscule.

Le mouvement s’appelle ainsi, car la Décroissance propose de sortir de la société de Croissance ; celle qui s’est construite au service de la croissance du PIB et de la religion de l’économie.
Nous pensons que la société de Croissance est à l’origine de la crise multi-dimensionnelle « qui éprouve l’humanité » :

  • L’effondrement environnemental (dérèglement climatique, crise de la biodiversité, déplétion des ressources, altération des milieux).
  • La crise sociale (montée des inégalités, crise de la dette et du système financier).
  • La crise politique et démocratique (désaffection et dérive de la démocratie).
  • La crise de la personne humaine (perte de sens, délitement des liens sociaux).

La société de Croissance n’est ni soutenable ni souhaitable, il faut en sortir. C’est le sens de la Décroissance : réfléchir ensemble à de nouveaux projets de société soutenables et souhaitables.


Plus de liens, moins de biens !


La Décroissance n’a pas de lien avec des indices de quantification. Il serait tout autant absurde de construire une société autour d’une décroissance du PIB qu’il est absurde de l’avoir construite autour de la croissance de celui-ci. Il ne s’agit ni de faire croître, ni de faire décroître des indices économiques. C’est pourquoi on parle d’ « a-croissance », il faut simplement sortir de la religion de la Croissance.

Depuis plusieurs années, les Objecteurs de Croissance sont attentifs à expliquer clairement ce qu’est la Décroissance, et ce qu’elle n’est pas. Il nous semble relever de la mauvaise foi de continuer à attribuer à la Décroissance des projets de « retour à la bougie », de décroissance de tout pour tous (notamment pour les pays du Sud de la planète), ainsi que la notion de quantification, le malthusianisme et toutes les autres caricatures que nous n’avons de cesse de démentir.

Si on nous rétorque souvent qu’il faut quand même être pour la croissance du bien-être, des arbres, des enfants, de l’amour, etc., c’est probablement parce que ce terme a le pouvoir d’interroger, en chacun de nous, dans notre imaginaire, les liens que nous avons construits entre le « bien-vivre et le bien-être » et le « toujours plus ». « Il faut positiver », disait la pub’.

C’est parce qu’il frappe les esprits, qu’il choque, fait réagir et fait bouger les consciences… que le mot Décroissance est utilisé. C’est un « mot obus » qui permet de pulvériser l’idéologie absurde de la croissance pour la croissance, de décoloniser nos imaginaires.

Il faut un nom qui dérange à la hauteur des dégâts causés par la pensée dominante et la marchandisation du monde…


« Vivre plus simplement pour que d’autres puissent simplement vivre. »


Nous avons tout de même conscience de l’effet « repoussoir » du mot auprès des personnes non initiées. C’est pour cela que nous nous appelons aussi  « Objecteurs de Croissance » et que, selon nos interlocuteurs, nous disons colporter l’« Objection de Croissance » au lieu de la Décroissance, qui représente une partie de notre action.
Ceci dit, le mot Décroissance est un outil formidable pour remettre en cause les fondements de la société de croissance, le capitalisme et le productivisme, pour ouvrir un large débat sur comment faire ce pas de côté nous permettant d’éviter le mur vers lequel nous amène toujours plus vite la société de croissance.

Nous avançons donc avec nos mots obus : la Décroissance, l’anti-capitalisme, l’anti-productivisme, l’anti-consumérisme.
Mais nous avançons surtout avec nos mots chantiers : la dotation inconditionnelle d’autonomie, le revenu maximum autorisé, la gratuité de l’usage et le renchérissement du mésusage, la relocalisation, le ralentissement, l’attention aux autres, l’autonomie, la solidarité, la sérénité, la convivialité et la joie de vivre.

Une croissance infinie dans un monde fini est une absurdité !


A lire aussi :
http://www.decroissance.org/index.php?chemin=textes/Un_mot-obus.htm
http://decroissancepasdecalais.blogspot.com/2009/01/la-dcroissance-le-gros-mot-utiliser.html
http://www.superno.com/blog/2009/09/decroissance-cest-le-mot-qui-les-gene/
http://www.objecteursdecroissance.be/articles/mpOC_Vous-avez-dit-Decroissance_aout2010.pdf
La Décroissance, un projet sociétal bien trop souvent victime de préjugés : http://www.partipourladecroissance.net/?p=4711

Définitions :
Produit Intérieur Brut : http://fr.wikipedia.org/wiki/Produit_int%C3%A9rieur_brut
Paradigme, ce mot n’est absolument pas un gros mot. Il gagne à être connu et utilisé pour devenir « commun » :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradigme