« Un Projet de Décroissance » dans le n°1 de « L’Inconditionnel »

L'Inconditionnel

linconditionnel-numero1-une« L’Inconditionnel, c’est un journal papier francophone qui explore les différentes facettes de l’idée du revenu de base inconditionnel, à travers des articles de fond, mais aussi des témoignages, des interviews, des dessins et des textes issus d’ateliers d’écriture. »

Le n°1 sort avec la participation d’ « Un Projet de Décroissance« , page 17 :
Le revenu de base comme tremplin pour un projet de Décroissance ou comment ne pas mettre l’outil avant le projet

D’où est issue la Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA) ?

C’est au sein du mouvement de la Décroissance que la DIA est apparue. Slogan provocateur, le terme même de Décroissance a pour but d’ouvrir un débat de société sur le fait qu’une croissance infinie dans un monde fini est une absurdité. À travers cet outil sémantique, le but est de nous réapproprier le sens que nous souhaitons donner à nos vies : qu’est-ce qu’on produit, comment et pour quel usage ?

La Décroissance est ainsi une nouvelle pensée multidimensionnelle qui, d’une part, met en évidence les limites physiques, écologiques et énergétiques de la planète et, d’autre part, déconstruit le mythe que le toujours plus serait porteur de bien être.

Enfin, la Décroissance est aussi un mouvement politique qui s’appuie sur quatre niveaux d’action : le collectif à travers les alternatives concrètes, le projet avec une démarche de transition et aussi une réflexion sur ce que peuvent être des sociétés de Décroissance, la visibilité comprenant l’organisation de rencontres-débats, de manifestations, le passage dans les médias, la participation à des élections de manière non-électoraliste, et le niveau individuel à travers la simplicité volontaire et la décolonisation de l’imaginaire.

C’est autour des ces initiatives et approches, et dans la volonté de proposer des outils économiques et sociaux, mais aussi une stratégie,, qu’a émergé la notion de DIA.

Qu’est-ce que la DIA ?

La DIA consisterait à donner à chacun, de la naissance à la mort, de manière inconditionnelle, ce que l’on considère démocratiquement comme nécessaire pour avoir une vie frugale et décente. La DIA est constitué de droit de tirage sur des ressources (eau, énergie), d’accès à des services (santé, école, pompe funèbre, transport) et aussi de monnaies notamment locales (nourriture, outil, vêtement).

La DIA est un outil de transition susceptible de repolitiser la société et de resocialiser la politique en nous réappropriant le sens de nos vies et de nos activités. Cette transition est belle et bien en marche avec la décolonisation de l’imaginaire consumériste et productiviste à travers notamment la simplicité volontaire, la prise de conscience écologiste et les questionnements sur le sens de nos activités et de nos vies avec l’extension des alternatives concrètes.

Quelles différences avec le Revenu de Base (RB) ?

Une des différences majeures, au-delà des considérations techniques, c’est que la DIA est avant tout un outil au service d’un de projet de société. C’est l’une des critiques que nous faisons au mouvement du RB : mettre l’outil avant le projet.

De même, lorsque nous nous intéressons au RB, qui a influencé et nourri nos réflexions amenant à la DIA, c’était le cadre d’ « Un Projet de Décroissance », et donc couplé à d’autres mesures, en particulier la mise en place d’un revenu maximum acceptable, la sortie de la religion de l’économie à travers la réappropriation démocratique des banques centrales, de la création monétaire et une réflexion sur le non remboursement des dettes publiques illégitimes.

Ainsi, nous ne sommes pas des supporteurs aveugles du RB qui n’est qu’un outil. Il faut d’abord poser la question du sens avant de s’intéresser à la technique qui n’est jamais neutre.

Quelles convergences ?

Dans nos réflexions sur un « Projet de Décroissance », et en l’inscrivant dans une dynamique d’une transition qui est déjà en marche, le RB peut constituer un outil pertinent et efficace. Ainsi, en nous appuyant sur les alternatives concrètes, contribuant à une relocalisation ouverte, on pourrait d’abord travailler moins pour travailler tous. Le temps libre approprié pourrait ainsi permettre à toutes et tous de contribuer à la réappropriation de productions locales soutenables, de systèmes économiques justes, en particulier de monnaie locales fondantes et de savoir-faire, d’outils autonomes. Ensuite, la mise en place d’un RB, que l’on pourrait démonétariser au fur et à mesure que l’on transforme la société en s’appuyant sur la dynamique des alternatives concrètes, semble souhaitable. À condition d’être couplé à un RMA et une remise en place de l’économie au service de la politique.

Vincent Liegey, Christophe Ondet, Anisabel Veillot et Stéphane Madelaine,
Co-auteur d’« Un Projet de Décroissance – Manifeste pour une Dotation Inconditionnelle d’Autonomie », Éditions Utopia, 2013.

Plus d’infos sur : www.linconditionnel.info et www.projet-decroissance.net.

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