Aux milliardaires qui nous gouvernent

Aujourd’hui, un milliardaire entend réformer le cyclisme. Pour reprendre la formule du journal L’Equipe, c’est décapant. Pour nous, c’est même révélateur du glissement vers lequel l’oligarchie entend conduire le sport et, plus globalement la société. Derrière la vision de Oleg Tinkov* sur le cyclisme, se dessine un imaginaire, toujours plus centré sur l’économie et le profit, avec comme étalon, l’argent. Toujours et encore.

Soyons clairs, nous ne sommes pas des défenseurs du sport cycliste, et encore moins du sport de compétition. Par contre, nous ne pouvons que regretter la vision de Tinkov qui « rêve de managers modernes, à la pointe de la technologie, portés sur la diététique et la préparation scientifique », de moyens financiers conséquents et de courses qui seraient des shows. C’est toujours plus de sport-spectacle, de sportifs devenant des gladiateurs modernes ; c’est renforcer la marchandisation du sport, donc de la société ; c’est aussi rendre le sport toujours plus tributaire de la technologie.

Le fantasme de Tinkov est révélateur du comportement de l’oligarchie. Toujours prompt à critiquer les égarements de la société, surtout en refusant toute réflexion d’ensemble et en imaginant l’avenir de façon binaire : soit nous refusons leur vision, et ils nous assurent que rien ne pourra s’améliorer ; soit nous les écoutons et nous devenons complices du renforcement de leur propre emprise sur le monde. Selon eux, il n’y a pas d’autres issues (There is no alternative -TINA). Et ce sans aucun sentiment de culpabilité car jamais ces milliardaires n’imagineraient que leur richesse et leur mode de vie sont responsables de la déliquescence de notre modèle de société.

Oleg Tinkov et son fantasme du cyclisme futuriste symbolise pleinement le capitalisme, à la fois fou et aveugle, exubérant et démesuré ; surtout, incapable de se raisonner.

Ne les laissons pas nous gouverner, ni influencer nos gouvernants. Qu’ils ne restent pas les seules voix audibles. Alors, retournons à nos courses de village, à un horizon où la course de vélo ne serait qu’un prétexte à l’amusement, au partage, au dépassement gratuit et à la convivialité. Un monde sans milliardaire en somme …

 » La sympathie qu’inspire le vélo vient aussi du fait qu’aucune invasion guerrière ne s’est faire à bicyclette. « 
« Petit traité de vélosophie », 2000. Didier Tronchet, auteur de bandes dessinées et écrivain français (1958-)

 

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* Oleg Tonkov est un milliardaire russe, propriétaire d’une équipe professionnel de cyclisme qui a fait fortune avec une chaîne de brasserie et une banque de crédit en ligne qui portent son nom.

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