« Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer », le Président l’a dit, la Décroissance nous y invite

« Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. Nous devons aujourd’hui reprendre le flambeau et donner toute sa force à ce principe. Il nous faudra bâtir une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone, la prévention, la résilience qui seules peuvent permettre de faire face aux crises à venir. […] Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier. »

Lors de son discours du 13 avril 2020, le président E. Macron laissait entrevoir un changement de paradigme. Justement, depuis toujours la Décroissance nous invite à explorer ce changement. Alors même si nous ne sommes pas dupes, relevons le défi. Avec ce texte, nous souhaitons partager quelques pistes de réflexions pour ouvrir des après Covid-19 possibles soutenables et souhaitables, tout en nous préservant des vieilles recettes dangereuses, injustes et absurdes. Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer pour une Décroissance choisie et conviviale.

« Le coronavirus n’est pas notre décroissance », avertissions-nous dans notre précédent texte. En effet, nous assistons à ce que nous craignions depuis des années : une société de Croissance sans croissance, la méga-machine sans carburant ni main d’œuvre… Toutefois, il y a plusieurs enseignements à tirer de cette situation.

Le premier est qu’il est possible de freiner l’économie très rapidement, en quelques jours, à l’échelle de la planète. On nous a toujours expliqués que c’était impossible. Un simple virus nous démontre le contraire. C’est possible, et nous l’avons fait.

Pourquoi ne pas continuer dans la même voie de manière préparée, réfléchie, choisie, et ainsi répondre aussi aux autres défis qui attendent notre civilisation : fin du pétrole et des métaux rares, changement climatique, effondrement de la biodiversité, appauvrissement des sols, futures pandémies, mais aussi perte de sens pour ne donner que quelques exemples.

Le deuxième enseignement est que même sans le superflu la vie continue. Ce ralentissement nous invite à réévaluer le véritable prix des choses. Notre slogan, « moins de biens plus de liens » prend une autre dimension en cette période de distanciation physique imposée.

A travers ce texte, nous souhaitons, dans un premier temps, alerter sur l’impasse que représentent les tentatives de relancer un modèle économique à l’agonie. Une nième relance par la croissance serait injuste, dangereuse, absurde et inutile. Nous proposons ensuite des pistes pour rendre ce confinement moins violent, voire convivial. Et pourquoi ne pas en faire un tremplin vers un Projet de Décroissance : ralentir pour mieux réfléchir, n’est-ce pas une chance ? Comment transformer une tragédie en opportunité ? Pour en faire quoi ? Nous vous invitons ici à penser quel(s) monde(s) souhaitables et soutenables mettre en place ? Continuer la lecture

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« Transformer la situation en pédagogie des catastrophes », interview avec Vincent Liegey

Coronavirus : « ce ralentissement de l’économie est des plus inquiétants», toutefois cette crise est vue par l’essayiste Vincent Liegey comme une « chance pour une sortie de la société de croissance ». Ou comment transformer « une tragédie imposée en opportunité »

Il se qualifie d’« objecteur de croissance ». On aurait pu penser qu’en ces temps de PIB « souffreteux » et de retour des petits oiseaux en bord de route, Vincent Liegey voit un signe positif du genre « les décroissants en ont rêvé : le coronavirus l’a fait » ! Eh bien non. Pour l’essayiste joint à Budapest (Hongrie), ce « ralentissement de l’économie est des plus inquiétants ». Cette récession subie aurait même des conséquences totalement contraires à ce qui pourrait et devrait émerger d’une « décroissance choisie », selon lui. Éclairages, avec toutefois, au bout du tunnel, l’idée de saisir une «opportunité ».

En quoi une récession subie n’est-elle pas une « bonne décroissance » ?

Ce ralentissement de l’économie est des plus inquiétants d’un point de vue ‘‘ social, démocratique et humain. Cette situation est un échec qui démontre que seuls un choc et une sidération permettent de susciter des prises de conscience. Nous l’avions déjà vécu durant la crise financière de 2008 même si le « détonateur » était différent. Et c’est quelque chose que l’on risque de voir revenir régulièrement si l’on ne soulève pas les questions que pose la décroissance. À savoir les limites physiques et culturelles de la croissance. La récession intervient lorsqu’on atteint ces limites… On le voit avec le changement climatique, la chute de la biodiversité, la raréfaction d’un certain nombre de matériaux nécessaires pour produire toujours plus, la fragilité du système de production et d’approvisionnement qui fait que lorsque les frontières se ferment, tout s’effondre à cause de l’interdépendance… D’où cette impasse extrêmement inquiétante notamment sur le volet de la santé.

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Non, le Coronavirus n’est pas notre Décroissance

Le Coronavirus a poussé la quasi totalité de l’humanité à se confiner. En toute logique, les conséquences pour l’environnement s’avèrent des plus salvatrices avec entre autres, baisses des émissions de CO2 et de la pollution atmosphérique. Le PIB ralentit, la planète s’en porte mieux. Les Décroissants en ont rêvé, le Coronavirus l’a fait ?

Non. La période que nous sommes en train de vivre ne ressemble en aucun cas à la société de Décroissance que nous prônons. Ce ralentissement de l’économie est des plus inquiétants d’un point de vue social, démocratique et humain. Cette récession subie aura même des conséquences totalement contraires à ce qui pourrait et devrait émerger d’une Décroissance choisie. Toutefois, il nous semble que cette crise représente une opportunité à saisir pour repenser notre modèle de société, pour qu’il soit en mesure d’éviter ce genre de chocs ou de mieux les absorber.

Le Coronavirus est un révélateur mais aussi un accélérateur des inégalités : isolement des plus vulnérables, exploitation des plus précaires, contamination des plus exposés… Dans ces conditions exceptionnelles, c’est une fois de plus le monde du travail qui impose sa marche à suivre, et génère encore plus d’inégalités. De plus, la tentation autoritaire est de retour…

Pour la Décroissance le Coronavirus n’est en aucun cas une réjouissance, bien au contraire : cette situation est un échec de plus qui nous démontre que seuls un choc et une sidération permettent de susciter du débat, des prises de consciences, et, espérons-le, des changements pérennes dans nos comportements et une transformation en profondeur de notre modèle de société mortifère.

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In 2020, Degrowth or barbarity?!

First best wishes for 2020!

Stay tune!

And also:

Australia is burning… it is frightening but keep hope as Degrowth is still silently colonizing the imaginaries as shown, one more time, by two polls recently published in France:

  • 54% support Degrowth against 46% for Green Growth (Odaxa).
  • 55% for Degrowth utopia against security (29%) and neo-liberal/transhumanism approaches (16%) (Obsoco).

Make such tragedies like in Australia turn into pedagogy of catastrophe… More than ever, the choice is between Degrowth, as a multidimensional set of thoughts, practices and multi-level transformations based on conviviality VS barbarity…

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Repenser le rôle de l’ingénieur d’un point de vue de la Décroissance

C’est le cadre d’un projet à Cargonomia sur « ingénierie et Décroissance » mené tout l’été par Corentin Gaillard et Paul-Henri François et encadré par Vincent Liegey que le Monde est venu en reportage à Budapest et à Zsámbok.

Retrouver leur rapport de stage ici et l’article en une du Monde ci-dessous :

Ces jeunes ingénieurs qui choisissent la décroissance

A Cargonomia, laboratoire et centre de recherche et d’expérimentation « décroissant » basé à Budapest, les étudiants français affluent en stage.

Paul-Henri François, Loéna Trouvé, Corentin Gaillard, Vincent Liegey et Clément Choisne (de gauche à droite) livrent de la nourriture à vélo dans Budapest, le 19 septembre 2019.Paul-Henri François, Loéna Trouvé, Corentin Gaillard, Vincent Liegey et Clément Choisne (de gauche à droite) livrent de la nourriture à vélo dans Budapest, le 19 septembre 2019. Bálint Hirling pour «Le Monde»

Pieds nus dans la terre, une fourche à la main, Pierre Delaunay, fraîchement diplômé de CentraleSupélec, se fait une fierté de retourner la ligne de compost qui lui a été assignée. Ce grand gaillard aux joues roses ne compte pas ses efforts pour soulever ces masses brunes et odorantes qui viendront fertiliser les cultures de fruits et légumes bio de la ferme de Zsámbok (Hongrie). Ce qui ne l’empêche pas, de temps à autre, de papoter avec son « camarade » de compost, Paul-Henri François, bientôt diplômé de Centrale Nantes. « Quand je pense qu’un de mes copains de l’école vient d’être recruté à Goldman Sachs, à New York, à 120 K [120 000 euros] par an, je me sens vraiment en décalage », plaisante Pierre, qui vient travailler gratuitement tous les mercredis sous les ordres de Kati, la responsable de la ferme.

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Le Monde : Croissance verte : fin du mythe, début des possibles?

Dans une tribune au « Monde », trois chercheurs, François Briens, Timothée Parrique et Vincent Liegey, expliquent qu’il faut en finir avec le mythe de la croissance verte, car les études scientifiques montrent que l’on ne peut à la fois faire croître le PIB et baisser l’empreinte écologique.

« Quels que soient les impacts environnementaux considérés (consommation de matières premières, d’eau et d’énergie, émissions de gaz à effet de serre, biodiversité, etc.), les rares cas de découplage observés jusqu’à présent apparaissent tous largement insuffisants. »« Quels que soient les impacts environnementaux considérés (consommation de matières premières, d’eau et d’énergie, émissions de gaz à effet de serre, biodiversité, etc.), les rares cas de découplage observés jusqu’à présent apparaissent tous largement insuffisants. » KIM BASCHET / LE MONDE

Les manifestations pour le climat, les protestations, voire les poursuites judiciaires, contre l’inaction de l’Etat : face à la dégradation continue de notre milieu de vie, les politiques environnementales ne convainquent pas, et à juste titre. Les partisans de la « croissance verte » nous promettent pourtant que l’innovation technique, le développement et le déploiement massif de technologies « vertes » ou « intelligentes » par des mécanismes de marché, ainsi que la dématérialisation de l’économie ou le recyclage résoudront ces problèmes.

Cette stratégie de croissance verte repose fondamentalement sur le concept de « découplage » entre croissance et impacts environnementaux, c’est-à-dire l’hypothèse selon laquelle il serait possible de faire croître continuellement le produit intérieur brut (PIB) tout en réduisant de manière généralisée l’empreinte écologique liée aux activités économiques. Il s’agit donc d’un pari, dont les enjeux considérables devraient nous inviter à examiner prudemment et rationnellement les possibilités de succès.

L’hypothèse d’un découplage a-t-elle déjà été validée ? C’est précisément ce qu’a fait une équipe pluridisciplinaire d’universitaires dans une étude dont le rapport scientifique (« Decoupling debunked. Evidence and arguments against green growth as a sole strategy for sustainability », voir lien PDF) a été récemment publié par le Bureau environnemental européen.

Les auteurs – dont deux sont signataires de cette tribune – y expliquent d’abord qu’une stratégie de croissance verte ne saurait être en mesure de répondre aux défis environnementaux qu’à la stricte condition de garantir un découplage absolu, global (à l’échelle planétaire), d’ampleur suffisante, mais aussi continuel – c’est-à-dire aussi longtemps que la croissance économique serait poursuivie.

Conclusion univoque

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Et le salaire à vie ? – Débat entre Bernard Friot et Vincent Liegey à l’Université de Nanterre

Débat entre Bernard Friot et Vincent Liegey à l’Université de Nanterre : Salaire à vie et décroissance, Revenu de Base et sortie du capitalisme, vers un nouveau paradigme avec la Dotation Inconditionnelle d’Autonomie :

Le salaire à vie développé par Bernard Friot revient de temps à autre à l’occasion d’échanges sur la DIA ou le revenu de base. « Le « salaire à vie » consiste, en se basant sur la socialisation de la richesse produite, à verser un salaire à vie à tous les citoyens. Ce salaire universel, dont le montant serait attaché à la qualification personnelle et non plus au poste de travail occupé, a été pensé pour reconnaître le statut politique de « producteur de valeur » à l’ensemble des membres d’une communauté. Il aurait pour conséquence mécanique l’abolition du marché du travail, et donc du chômage, en reconnaissant le travail effectué en dehors du cadre d’un emploi » (1)
A nos yeux le principe du salaire à vie pose quelques difficultés, mais comme nous partageons son objectif de lutter contre la précarité, nous n’avons jamais voulu créer de polémique. Or, nous sommes fréquemment incités à nous positionner, voire à soutenir la proposition.

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Récession subie ou décroissance choisie ? Intervention de Vincent Liegey à l’Université d’été de la France Insoumise

Vincent Liegey a été invité comme participant à l’Université d’été de la France Insoumise du 22 au 25 Août à Toulouse. Cette conférence s’est déroulée avec :
– Vincent Liegey (ingénieur et essayiste)
– Martine Billard (équipe Planification écologique)
– Julien Armijo (chercheur, consultant en hydrogène renouvelable)

Retour sur leur intervention en image !

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Vincent, chercheur et conférencier sur la décroissance, co-fondateur de Cargonomia

The Local Shakers (@TheLocalShakers) | TwitterC’est à cheval entre la France et la Hongrie que Vincent Liegey, chercheur et conférencier sur la décroissance, accompagné de ses amis/coloc/collègue, a monté le projet Cargonomia à Budapest. Un projet de livraison en vélo cargo de légumes frais d’une ferme bio de la région. Cargonomia n’est pas qu’une plateforme logistique mais aussi un centre d’expérimentation et de recherche sur la décroissance.

Article et vidéo publiés par l’équipe des Local Shakers le 10 juillet 2019.

De l’ambassade de France à Cargonomia

Vincent a posé le pied en Hongrie pour la première fois au cours de ses études dans les années 2000. Depuis il navigue entre la France et Budapest mais s’est installé à Budapest en 2011. Militant altermondialiste dans un premier temps, il a découvert le côté environnemental de l’altermondialisme à Budapest, et de fil en aiguille, au biais des rencontres, la notion de décroissance s’est imposée à lui. En effet, le concept de décroissance fait le lien entre les enjeux sociaux et environnementaux tout en questionnant notre modèle de société qui tourne autour du ‘toujours plus’, du productivisme et du consumérisme de masse. Courir après le temps, passer 8 heures par jour devant un ordinateur en attendant la fin de la journée, réaliser des missions de productivité et d’enrichissement qui vont à l’encontre de ses valeurs … Ce n’est pas ce à quoi il aspirait dans la vie.
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« Un projet de décroissance : manifeste pour une dotation inconditionnelle d’autonomie » – Mémoire universitaire

« Un projet de décroissance : manifeste pour une dotation inconditionnelle d’autonomie » V. Liegey, S.Madelaine, C.Ondet, A-I Veillot. (préface de Paul Ariès).

Mémoire pour un projet étudiant réalisé à l’école Sup’écolidaire.

 

Problématique

Aujourd’hui, les sociétés humaines sont assez riches pour permettre à des milliards d’êtres humains de bien vivre, pourtant on constate que les méfaits d’un système à bout de souffle continuent de croître. L’inertie politique ainsi que la dépolitisation de la société sont écrasantes, malgré des constats sociaux et écologiques toujours plus lourds…

Il s’agira ici de constater ce qui provoque cette crise généralisée et d’analyser, grâce à cet ouvrage, une partie des réflexions proposées par des acteurs tels que le Parti(s) Pour La Décroissance.
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